L’administration burkinabè – être en règle ne suffit pas

17 août 2011

L’administration burkinabè – être en règle ne suffit pas

Quand nous étions enfants, à l’école primaire, il y avait une chanson qu’on nous faisait chanter tous les matins dans le terrain de gymnastique avant de regagner les salles de classe. Ainsi qu’elle se chantait « un kilomètre à pied, ça use, ça use. Un kilomètre à pied, ça use les souliers ».

Elle est gravé dans nos mémoires à telle enseigne que dans la vie quotidienne des choses nous le font remémorer inéluctablement.
Au Burkina, on n’a pas besoin de faire un kilomètre pour user ses souliers, faites en l’expérience. Il suffit d’avoir affaire à l’administration. Vouloir établir un papier au Faso, c’est être le crucifier de sa propre époque. Qu’elle soit à 100 mètres de chez vous, la structure. Il faut prévoir 4 à 5 souliers à user, si je n’exagère pas avant d’espérer l’obtenir. On vous fera tourner. Ils ont l’art de faire tourner le citoyen lambda à la pirouette.

Est-ce dû au manque de personnel dans les structures étatique?

Ou est-ce les agents qui n’ont pas la conscience professionnelle ?

En tout cas, l’administration est très lente, très procédurière et le service rendu n‘est pas de qualité.

Il faut avoir une requête au tribunal, au commissariat, ou à la mairie pour cautionner ce que j’écris. Les gens se font des secondes familles dans ces lieux. Du fait qu’ils se revoient, les mêmes visages et finissent par se côtoyer voire souvent se confier les uns les autres.

Les gens attendent, partent et reviennent, font la queue devant un bureau. C’est par chance que vous parvenez à y pénétrer si vous ne vous levez pas tôt. Et une fois que vous y mettez les pieds, c’est si comme vous venez de pénétrer dans une forteresse. On vous dévisage comme si vous venez de troubler l’intimité d’un couple. Leur accueil vous feras perdre vos mots.

La plupart du temps, ils vous donnent juste un bout de papier après le dépôt de votre requête. C’est le visa de votre galère. Au prochain rendez-vous, s’ils ne décident pas de le changer parce que devenu froissé, ils y apposent des écriteaux d’autre couleur que la précédente. Comme un cachet qu’on appose sur un passeport. Il vous fera circuler, ce bout de papier, attendre et attendre, jours après jours, comme le monde attend la venue de Jésus-Christ.

Le système, tout le monde le sait maintenant, gangrené au Faso. C’est encore la perpétuelle victime, le citoyen lambda qui subit les tares dans les services étatiques. C’est écœurant, et même révoltant si on sait que des personnes d’une certaine classe sociale ne se déplacent pas à plus forte raison faire la queue, mais leur requête est faite dans les plus brefs délais. Il y a deux poids – deux mesures. Ces agents, ils affichent des comportements qui insinuent qu’il faut venir les voir à huis clos. Bien sûr, mettre la main dans la poche, sans quoi tu traînes.

Etre en règle ne suffit pas – mais que ton portefeuille soit en règle. Où irons-nous avec des comportements inciviques qui n’encouragent que la corruption. La morale agonie sur tous les plans. Ils sont de plus en plus rares, ces agents qui prennent le temps d’écoute, se mettent à la place du citoyen sans arrière-pensées pour l’aider dans sa requête. Le Burkina aurait bien besoin de ces fonctionnaires s’il veut s’engager sur les rails de l’émergence.

Zembalacult

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